Blé tendre : comment ajuster l’azote en ACS ?
Arvalis a creusé le raisonnement des apports azotés sur blé tendre dans le cas spécifique de l’agriculture de conservation des sols (ACS).
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« En agriculture de conservation des sols (ACS), solder la totalité des apports azotés sur blé tendre avant montaison n’est pas forcément la meilleure stratégie, indique Grégory Vericel, ingénieur d’étude chez Arvalis. Cette pratique pénalise à la fois le rendement et la teneur en protéines par rapport à un fractionnement classique. »
Il s’est exprimé à l’occasion des rencontres du Comifer le 1er février 2024. L’association, qui a créé la méthode du bilan, se questionne sur l’adéquation des référentiels aux différents systèmes de culture, et notamment ceux qui réduisent le travail du sol. L’institut technique a mis en place, en lien avec l’Apad (1), un réseau d’essai en 2022 et 2023 pour évaluer l’impact de l’abandon, au moins partiel, du fractionnement par de nombreux agriculteurs en ACS. Les parcelles retenues étaient engagées dans ce type de production depuis plus de cinq ans.
Ne pas réaliser qu’un seul apport avant montaison
Ainsi, sur 22 essais, le rendement du blé est pénalisé en moyenne de 1,4 q/ha et de 0,25 % de protéines lorsque l’azote est apporté avant la montaison. La conclusion est encore plus marquée dans les situations où l’azote est apporté en une seule fois, en sortie d’hiver (–1,9 q/ha et –0,54 % de protéines). D’autant plus qu’un seul apport « empêche toute option de s’ajuster pendant la campagne », souligne l’expert.
L’impact négatif sur le rendement peut être nettement réduit en réservant un apport « qualité » en fin de cycle (environ 40 uN au stade de la dernière feuille étalée). Cette option n’a pas d’impact sur la teneur en protéines. « Il y a un intérêt à réserver cet apport en fin de cycle, durant la période où le blé valorise généralement le mieux l’azote », appuie Grégory Vericel.
Urée ou ammonitrate ?
Autre question qui s’est posée, celle de l’intérêt d’une hausse des doses sur l’un des apports au détriment des autres. « Renforcer l’apport au tallage par rapport à un fractionnement classique n’a été intéressant ni pour le rendement (–1,2 q/ha), ni pour la teneur en protéines (–0,21 %) dans les 18 essais où la stratégie a été testée, indique Grégory Véricel. Et lorsque l'on renforce l’apport à la dernière feuille, on perd du rendement (–1,2 q/ha) mais on note un gain significatif en protéines (+0,29 %). »
L’urée est souvent la forme privilégiée en ACS. « Dans les essais, en conditions de valorisation de l’azote plutôt favorables et en fractionnement classique, nous n’avons pas mis en évidence de différence marquée entre urée et ammonitrate, tant pour le rendement que le taux protéique », poursuit Grégory Véricel. Arvalis estime qu’il serait nécessaire de mener des essais dans d’autres conditions climatiques. Dans le cas d’apports avant montaison uniquement, les teneurs en protéine étaient plus pénalisées avec les apports d’urée.
(1) Association pour la promotion d’une agriculture durable.
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